Paroles de famille

Quand dans la famille on envisage l'achat d'une friteuse ça donne deux adultes qui compulsent les sites de vente d'électroménager, lisent les avis and co et font une pré-sélection selon leurs propres critères pendant que la gosse se lèche les babines à l'idée de manger des vraies frites (pas au four) d'ici peu.

Le 15 février 1981 j’étais en voiture pour faire un grand voyage, pas tant par sa durée que par son importance.

En effet c’était le jour où, après 2 semaines d’activité intense, la maison où j’avais habité depuis ma naissance était complétement vidée, nettoyée de toute trace de notre présence, il ne restait que des fantômes, les marques plus claires des meubles, des tableaux et posters sur le plancher et les tapisseries. C’était l’instant où j’ai pris réellement conscience que garage de réparation auto de mon père était parfaitement silencieux, vidé de ses outils, balayé, tout propre et silencieux.

Il y a 30 ans de cela,

le jour de mes 16 ans,

mes parents m'ont fait un cadeau bien spécial,

ils m'ont annoncé une nouvelle qui allait bouleverser ma vie.

Je m'en doutais bien un peu,

mais je ne pensais pas que ça serai aussi radical... et agréable.

C'était aussi le 1er jour des vacances de février.

Hélas aujourd'hui pas de vacances pour moi, je serais au travail.

Mais c'est parce que maintenant je suis grande.

Et ce soir j'aurai un joli gâteau comme ça :

Enfin non je ne mettrais pas toutes les bougies, le gâteau fondrait...

Imaginons 3 personnes qui s'apprêtent à partir en vacances, 1 enfant de +/- 7 ans et deux adultes.

Imaginons que l'enfant ne sait pas partir avec moins d'un grand sac de jouets, vous savez du genre des sacs échangeables que vendent les grandes surfaces, et ça sans compter les livres nécessaires à la lecture de la journée et aux histoires du soir ainsi que la petite valise (type cabine)  rassemblant les personnages et accessoires Playmobil ainsi qu'une maison pliable de la même marque, cette année on n'a plus le doudou à transporter (et surtout à risquer d'oublier), c'est toujours ça de pris.

Ma fille participe, avec 3 de ses copains de classe,  à un opéra, dans le choeur.

Il est prévu au cours de la dernière semaine des répétions sur le temps de classe ainsi qu'une représentation pour les scolaires, vendredi après midi.

Ce vendredi, le maître annonce le programme de la semaine qui vient et mentionne l'absence des 4 élèves pour les répétitions et la représentation à laquelle toute la classe assistera l'après midi du dernier jour de classe. Il a eu droit à un brouhaha assez sympathique car tous voulaient des autographes des "artistes".

.../...

Nous sommes en 1939, mon grand père paternel, comme beaucoup d'autres à cette époque, est parti à la guerre loin de chez lui.

Ma grand mère enceinte de ma tante est d'abord restée avec son fils aîné dans notre village situé à 20 km de la frontière Belge, oui j'y ai grandi et même si j'en suis partie à 16 ans c'est "notre village" ;), puis est venue "l'évacuation".

Fin 1939, ma tante avait à peine 6 mois, ils sont partis droit devant eux pour trouver un endroit plus "calme", Le Bourget a été leur point de chute, chez les beaux-parents.

Là-bas une nouvelle vie s'est organisée petit à petit avec les difficultés que l'on devine et connaît.

Début 1940 mon grand père a pu avoir une

Il y a neuf ans et un jour de cela un photographe professionnel a fait une bourde irrattrapable.

Il y a un jour de cela j'ai fait un oubli pardonnable.

Deux têtes en l'air, pardon trois car un autre membre aurait du se souvenir aussi.

Toi tu le sais depuis jeudi après midi, moi je me pose encore et toujours la question.

Tu me fera un signe pour me dire si c'est bien ?

Ta vie n'a pas été un long fleuve tranquille, c'est le moins qu'on puisse dire, mais tu as toujours été le tonton rigolo, gentil, consolant.

Ta mère ne se sent pas capable de t'élever, qu'à cela ne tienne, tu sera élevé par tes grands parents, pleins de bonne volonté mais pas particulièrement tendres.

Après un passage forcé au Maroc tu t'es marié, tu as eu ton premier enfant, un fils, très beau, second enfant une fille, troisième enfant encore une fille et là le fils attrape cette fichue polio, les soins ne suffisent pas, il a 7 ans et meurt peu avant la naissance de sa troisième soeur.

Début 1964 ils parlent de mariage, ça sera pour le mois de juin.

Les parents d'Angèle ne sont pas ravis, encore une mésalliance, c'est un ouvrier.

Fin mai Angèle à des doutes, une fois de plus elle a pris de l'avance sur le mariage et à nouveau elle est enceinte.

Qu'à cela ne tienne, ils sont heureux, ça sera un peu plus rapide que prévu, mais ce n'est pas grave.

Ils se marient, lui décide de s'installer à son compte dans son village d'origine, elle poursuit son travail de comptable tant que son état lui permet.

Quelques jours plus tard elle reçoit une grosse enveloppe.

Elle contient 20 lettres, celles qu'elle avait adressées à Fanfan et une mention tamponnée sur chacune d'elles : DCD au champs d'honneur.

La famille de Fanfan avait été avertie quelques jours plus tôt mais ne savait si elle devait prévenir Angèle...

Il est mort 4 jours après son arrivée en Algérie.

La situation d'Angèle se complique, mère avant le mariage c'est limite gérable lorsque le père va revenir, mais dans ces conditions ?

Dans une toute petite commune rurale, nous sommes en 1959, ils ont 20 ans.

Elle, c'est Angèle, lui Fanfan, ils s'aiment.

Ce n'est pas bien vue par la famille de la demoiselle qui fait partie de la bourgeoisie terrienne car lui n'est que le fils d'un métayer. Cela serait au mieux une mésalliance, au pire un mariage d'intérêt de sa part à lui. Mais bon, c'est déjà mieux que quelqu'un qui ne connaitrait rien à la terre, à moins que ce ne soit un médecin ou un notaire.

Il y a 5 ans à cette heure, 16h25 ma vie allait radicalement changer mais je n'en avais pas réellement conscience.

Il y a 5 ans à cette heure, je dormais profondément.

Il y a 5 ans à cette heure, on portait ma grand mère en terre, la tristesse et le soulagement se mélangeaient, c'était la fin d'une longue bataille contre alzheimer.

Il y a 5 ans à cette heure, j'avais la tripe à l'air.

Mercredi c'était le rentrée pour la plus grande joie de miss. (Ben oui, un enfant unique, en général, ça aime l'école parce que papa et maman ça va 5 minutes)

Lever matinal, petit déjeuner dans la joie, douche sans récriminer, habillage, on prend le sac et hop on y va.

Arrivé sur place c'est bizarre il n'y a pas beaucoup de monde sur le parking et dans l'allée habituellement très fréquentée. Je vérifie l'heure, on ne sait jamais, mais non nous sommes bien dans les temps.

19 c'est le chiffre du jour ;)

Et oui elles ne sont plus que 19 aujourd'hui...

A 4 ans 7 mois 24 jours Miss a perdu sa première dent...