Samedi 13 septembre 1997
La soirée d'hier a été longue et très difficile...Nous l'avons passée ensemble, le compagnon de François et moi... Elle a été remplie de questions, d'angoisses, d'incertitudes mais aussi d'une trop grande certitude...
Que fait on vis à vis de ses ex ?
A priori à quand remonte sa contamination ?
Est ce qu'il est OK pour qu'on informe ses ex connus de nous ?
On ne va pas les laisser dans l'ignorance de leur éventuelle contamination, les conséquences sont trop lourdes, mais en même temps on n'a pas le droit de lever le voile de sa maladie sans son accord, et eux sont ils prêts à entendre ça ?
Bon on en parlera demain avec François.
La nuit a été très courte, rendez vous à 8h00 à l'hôpital pour que son compagnon l'accompagne durant le transfert, je suivrais avec sa voiture pour qu'il puisse rentrer ensuite, le CHR est à +/- 60 km.
Arrivée là-bas, installation, prise de contact avec le personnel médical...
Enfin l'équipe médicale semble humaine. Ils prennent François en charge globalement, c'est-à-dire physiquement et psychologiquement, sa détresse est enfin entendue et prise en compte aussi bien que son infection.
Parlons en de son infection, elle se porte bien elle, la fièvre augmente à nouveau, il étouffe de plus en plus, l'oxygène est indispensable...
Le chef de service veut nous rencontrer individuellement son compagnon et moi.
Nous avons droit à quelques questions sur nos rapports et notre relation avec le malade, des consignes et informations simples sur les risques sanitaires que nous prenons, pas tant au niveau du sida que de la tuberculose, les coordonnées d'associations et des personnes référentes qui peuvent nous aider et nous écouter si besoin est... Il ne peut pas deviner que je suis membre de l'une d'elle depuis plusieurs années déjà...
Lorsque je lui ai annoncé que j'étais toujours négative aux tests de vaccination tuberculose j'ai eu le choix : dépistage, suivi et antibiotiques en prévention, interdiction de visite si je suis infectée, ou interdiction pure et simple de visite pour que je ne risque pas de me contaminer.
Message clair, pas jugeant et très informatif.
Concernant l'état de François ils sont très prudents, car il ne semble pas très bien réagir au traitement qu'il a reçu jusqu'à présent et il est très fatigué. De plus l'aspect psychologique, qui avait été totalement occulté par l'autre hôpital entre en jeu car l'angoisse, la peur très profondes que François ressent n'aide pas du tout à la guérison et au repos. Ils vont essayer de l'aider avec un psychiatre et un traitement complémentaire.
La tri-thérapie commence avec le traitement aux antibiotiques adaptés à sa maladie, plus un cocktail d'antidépresseur et d'anxiolytique.
Rien que l'accueil humain qu'il a reçu lui rend un peu son super sourire.
Je les laisse ensemble, François est seul dans une chambre double, son compagnon a eu l'autorisation de rester avec lui dans cette chambre pour la nuit...
Je vais passer la soirée et la nuit avec des amies, on va boire, danser, manger, faire la fête...
Le coeur n'y est pas trop mais cette soirée était prévue de longue date c'est les 30 ans d'une de nous. Je ne veux pas parler de cette situation, François n'a pas encore donné son feu vert, et je ne veux pas plomber l'ambiance de sa soirée d'anniversaire... donc je fait semblant...
Je me suis couchée très tard et pas très fraiche, j'ai réussi à occulter la situation quelques heures mais le retour à la réalité est brutal...
Je ne peux pas te dire grand
Je ne peux pas te dire grand chose, si ce n'est toute ma compassion vis-à-vis de ton ami, de son compagnon, et toi-même.
Que vas-tu faire, pour le traitement anti-tuberculeux alors ?
Mes excuses Cécile, je viens
Mes excuses Cécile, je viens de voir que tu restituais une chronologie d'il y a 10 ans. N'empêche que ma compassion te reste, même 10 ans plus tard...
Merci soeur Anne, Ça a été
Merci soeur Anne, Ça a été une période très difficile mais très enrichissante aussi, qui m'a fait "grandir"...