Vendredi 31 octobre 1997
Cet après midi je file à l'hôpital... Youpi il est effectivement remonté en service classique... J'arrive il est levé mais un peu chancelant quand même ;) On commence à discuter de choses et d'autres. Je lui raconte mon entrée fracassante pour l'entretien d'embauche que je venais d'avoir. J'avais passé déjà des tests psychotechniques et j'arrivais donc à la 2nd étape ;) Installation en salle d'attente, je vais être reçue par le chef de district, son adjoint et le directeur régional du service spécifique... L'ambiance est très masculine, on est dans le domaine du BTP. L'adjoint du chef de district vient me chercher, je me lève et embarque la chaise avec la lanière de mon sac à main, ça le fait sourire mais pas moi, je me concentre et on y va... A l'entrée du bureau je me prends les pieds dans la barre de seuil et fait une entrée... à plat ventre... J'essaie de rassembler ce qu'il me reste de dignité en me relevant et je me trouve devant 3 mecs complètement hilares... L'un d'eux commençait à venir m'aider à me relever mais il avait beaucoup de mal à contenir son fou rire... L'entretien commence par "Nous vous avons demandé de venir rapidement car il y a une certaine urgence pour le poste à pourvoir" Réponse de ma part puisque de toute façon je me suis grillée : "Vous voyez que je suis arrivée promptement, que dis je ventre à terre, pour répondre à votre urgence" Ça les a fait rigoler, on a enchainé l'entretien, moi n'ayant rien à perdre et eux assez détendus ma foi..." Au revoir mademoiselle, on vous recontactera " François imagine très bien mon entrée d'autant que j'ai fait le même genre d'exploit la première fois que j'étais allée chez ses parents, une micro-marche à l'entrée de la cuisine m'avait été fatale. On rigole bien à deux ou trois autres blagues et rappel de situations cocasses. Les infirmières arrivent pour poser la poche du nouveau médicament. Elle lui explique qu'il peut avoir une sensation de chaleur le long du trajet du produit les 5 premières minutes, ensuite ça passe. Elles font leur job, ressortent, on continue à discuter et rigoler. François trouve que ça chauffe en effet pas mal puis ça se calme. Ses parents arrivent, l'ambiance redevient plus sérieuse... J'ai comme l'impression que François se gratte beaucoup, ça le démange partout. Je sors pour fumer une clope et croise une infirmière, lui signale que François a des démangeaisons depuis peu, elle dit qu'elle passera tout à l'heure. Je vais fumer... Au retour François semble fatigué, c'est un peu logique il est encore faible. Il prend le masque à oxygène, première fois depuis 48 heures ; Nous annonce qu'il se sent mal, à du mal à respirer... Le malaise empire rapidement et il a le visage comme bouffi, je file au bureau des infirmières leur signaler le truc, ça me fait penser à mon oncle qui ne supporte pas les piqûres d'abeilles... Le temps de faire le trajet, d'expliquer le truc et de revenir François étouffe... Oedème de Quincke. On se fait virer de la chambre. Ils n'ont pas la possibilité d'intuber, le passage est déjà trop fermé, ils font une trachéotomie d'urgence. Injection d'adrénaline et reste plus qu'a ventiler et attendre que ça fasse effet en surveillant... Ils ont enlevé la perf du nouveau médicament. On peut réintégrer la chambre. Soudain les machines sur lesquelles il a été branché se mettent toutes à biper, tout le monde dehors une fois de plus, brans le bas de combat, on voit des médecins, infirmières arriver en courant de partout avec du matériel, puis François sort sur son lit à roulette poussé à toute vitesse vers les soins intensifs... L'angoisse monte chez nous, on descend aux soins intensifs pour attendre des nouvelles. On en aura 2 heures plus tard. François a fait un choc anaphylactique avec spasme pulmonaire et chute de tension artérielle. Il restera aux soins intensifs 2 ou 3 jours en surveillance rapprochée. On rentre chez nous complètement abattus. On n'en sortira donc jamais...