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Mercredi 1er octobre 1997

Le temps de travail me semble très long, les élèves sont assez dissipés, enfin non c'est plutôt moi qui ne suis pas bonne en ce moment.

J'ai appris que mon contrat ne sera pas renouvelé, je quitterai donc l'établissement au 1er janvier 1998. Va falloir que je me mette en quête d'un autre travail mais pour l'instant je n'en ai pas l'énergie. Le fait de m'être présentée en tant que délégué du personnel, et d'avoir été élue avec un score digne d'une république bananière (95%) ne doit pas être étranger au non renouvèlement mais passons c'est un détail.

Midi, je passe manger un morceau en vitesse à la maison et zou direction le CHR.

j'arrive dans la chambre exhibant fièrement mon matériel à manucure.

François est un peu fatigué mais je m'attendais à pire, il a l'air d'avoir meilleur moral.

On papote tant et plus tous les 3, je leur fait à chacun une manucure, François en tant que malade à droit à un bonus, le massage du cuir chevelu, il adore ça ;)

Son compagnon part faire un achat, demain c'est l'anniversaire de sa maman et il avait un peu zappé la chose, il file donc lui trouver quelque chose.

François a mal au dos et est tout crispé, je lui propose un massage des épaules. OK, il ôte son t-shirt, prends l'huile, m'apprête à masser et les voient... Les petites tâches violacées, plus ou moins grandes, allant du mauve au presque noire... le sieur sarcome de Kaposi est là...

Un simple" ben oui " de sa part me fait comprendre que j'ai du marquer 1 seconde de surprise de trop. Là il m'annonce que ses troubles de la vision peuvent venir de ça aussi mais que pour l'instant le médecins n'ont rien pu déceler précisément.

Le point positif de la chose est qu'il a été pris en charge immédiatement et que, dans ce cas on arrive bien à enrayer cette saleté, le point négatif c'est que le traitement est long et lourd. Même s'il sort dans 2 semaines (les médecins n'en parlent plus) il faudra qu'il revienne régulièrement pour la chimio.

Massage fait, arrivée d'un ex de François annoncée juste comme il se rhabille.

Les chambres du service ne sont plus en libre accès suite à des problèmes de violence verbale et physique de visiteurs vis à vis des malades, la rage et l'envie de vengeance, que sais-je, de certain n'a pas de limite, donc désormais il y a un contrôle des visiteurs et annonce au patient du visiteur. Ils peuvent même mettre quelqu'un en "liste noire", ça permet aussi accessoirement de rajuster sa tenue, il fait super chaud encore et les tenues sont parfois débraillées, donc pour garder son image on se refait une beauté avant l'arrivée ;)

Je les laisse en tête à tête, ils ont sans doute plein de choses à se dire.

Je passe voir l'infirmière chef pour essayer d'apprendre ce que Kaposi peut faire aux yeux, le diagnostique est réjouissant, cécité progressive car perte d'irrigation vasculaire...

Bon... Je reste encore un peu dans le hall de l'hôpital pour intercepter le compagnon de François s'il rentre. Lui et l'ex en visite ne s'entendent pas trop et puis je voudrais qu'ils aient le temps de se parler tranquillement.

Le compagnon de François revient, je lui dit que B est là-bas. Il décide donc qu'on va aller prendre un café au bistrot du coin. Là il me dit qu'il sait que François ne lui dit pas tout pour le ménager... Je joue l'étonnée, ça à l'air de marcher... Il m'annonce les changements qu'il a remarqué, le nombre de poche de perf, les produits qui ont changé, les prises de sang plus fréquentes, le scanner qu'il lui ont fait passer etc... Je lui dit d'en parler ensembles ou d'aller voir le toubib, puisque moi tout ce que je sais c'est ce que François veut bien me dire (c'est pas mentir). Ensuite on parle de choses et d'autres, de sa mère qui a le moral dans les chaussettes car elle adore François aussi et en plus de l'inquiétude pour son fils elle a très peur pour François (Ça change de la mère de François qui n'a jamais pris de nouvelles de la famille du compagnon de son fils, par contre elle me demande comment vont mes parents alors qu'elle ne les connait pas).

On voit B. passer devant la terrasse, on se salue et échange trois mots, il part. Je rentre chez moi et les tourtereaux se retrouvent.

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