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Zoé Shepard, bonne année quand même (long)
Soumis par Cécile-Une quadra le mer, 19/01/2011 - 17:37Le 3 janvier Zoé Shepard, ou plutôt Aurélie Boullet puisqu'on parle de la fonctionnaire, a repris le chemin du conseil régional d'Aquitaine, après 8 mois de suspension, les 4 premiers avec maintient partiel du salaire et les 4 derniers sans traitement, pour y être chargée de mission, le même titre qu'auparavant, en charge du dossier grand emprunt et veille juridique européenne.
Dans un souci d'apaisement et de reprise dans le calme elle a été attachée à un nouveau service, avec un responsable à qui elle n'a pas été imposée, et a été accueillie comme n'importe quel agent prenant de nouvelles fonctions et l'affaire est close, on oublie, en tout cas si on en croit les divers articles et reportages diffusés à cette occasion.
Avant sa réintégration j'étais curieuse de voir comment cela se passerai réellement car des termes assez musclés avaient été employés par la direction du conseil régional d'Aquitaine au cours de cette affaire et l'esprit corporatiste aidant on pouvait craindre un retour en forme de sanction déguisée et dans une atmosphère franchement délétère.
A priori le poste qui lui est attribué n'est pas un placard, mais avaient ils le choix ? Ca se serai sans doute vu. Son responsable direct est une personne compétente et efficace. Quelques agents l'ont contactée pour lui faire part de leur soutien, quelques autres, moins nombreux à ce jour, lui ont fait comprendre de façon plus ou moins directe et élégante qu'ils ne partageaient pas du tout son point de vue et que sa place n'était pas parmi eux, ce qui est logique humainement.
Il reste quand même une question, la direction a-t-elle réellement passé l'éponge et fait elle le nécessaire pour aider les agents à faire table rase du passé comme cela a été annoncé ? Donne-t-elle l'exemple ?
J'ai eu un doute lorsque j'ai vu cet article sur Aqui.fr
Est ce la façon de s'exprimer lorsque l'on souhaite réellement un retour dans le calme et la sérénité, lorsque l'on considère que l'affaire est close ?
Je pensais que j'aurai l'occasion de me faire une idée plus précise puisque j'étais conviée aux voeux au personnel à l'hôtel de région le 10 janvier.
J'y suis allée avec mes neurones en forme et un bloc note (je sais les petits carnets sont mal perçus là-bas depuis quelques temps mais on n'a encore rien fait de mieux pour prendre des notes rapidement et il faut que j'entretienne ma sténo)
Le directeur général des service nous a gratifié d'un discours somme toute classique sur les réalisations de l'année écoulée, les points forts de l'année à venir...
Mon mauvais esprit habituel m'a fait retenir une petite phrase prononcée au tout début de son intervention signalant que "nous sommes la collectivité territoriale dont on connaît le moins les compétences" sortie de son contexte ça peut amuser, en tout cas le conseil régional d'Aquitaine est mondialement connu désormais, c'est un bon point pour le rayonnement de la région, Leon Zitrone ne disait il pas "Qu'on parle de moi en bien ou en mal, peu importe. L'essentiel, c'est qu'on parle de moi !" Mais revenons au sieur Mercadié qui luttait avec des problèmes de micro au fonctionnement aléatoire pour se faire entendre.
j'ai quand même réussi à noter qu'il tirait son chapeau aux agents de la fonction publique car ils sont souvent montrés du doigt, tout comme tous les fonctionnaires, qu'on les prend pour une charge et qu'ils sont sujets de blagues, il trouve que ce n'est pas sport et un peu facile surtout en temps de crise...
Puis il poursuit sur le fait que certains se mettent sur un piédestal, se croient brillants, se mettent en avant alors qu'ils ont tord. Arrive ensuite un laïus sur la conception qu'il a de la mission d'un fonctionnaire "les valeurs de la fonction publique : le travail, la qualité, sérieux, discrétion, posture de serviteur face à la charge, telles sont, selon moi, les valeurs qui doivent animer un fonctionnaire investit dans sa mission. "
Il rend hommage à tout ceux qui oeuvrent sérieusement dans l'ombre et ne sont généralement pas reconnus, et c'est tout à son honneur de penser aux petites mains discrètes qui font tourner la boutique et de les mettre en lumière ainsi en ce jour où tout le monde est réuni.
Encore quelques "lieux communs" puis arrive la conclusion où ils nous souhaite 3 chose, le respect car c'est mieux que la politesse parce qu'il n'y a pas d'hypocrisie et que c'est la base des relations humaines, que cela permet la paix sociale de par la tolérance qu'il inclut, ensuite il nous souhaite d'avoir le don de l'humilité, "l'humilité précisément car elle n'est pas une qualité innée chez l'homme fut il politique ou cadre supérieur. L'humilité quand elle ne se perd pas s'acquiert avec le temps, la critique, elle va de paire avec la maturité affective et intellectuelle, je précise que le sens que je donne à l'humilité est celui d'un attitude par laquelle on ne se place pas systématiquement au-dessus des choses ou des autres." et pour finir la pugnacité pour avoir l'énergie de défendre ses idées, ses convictions, ses projets personnels et professionnels.
Surprenant non ces voeux en forme de dons que nous accorderait une bonne fée penchée au-dessus de notre berceau ? Surprenant également leur contenu mais je les ai peut être entendu avec un certain a-priori.
Il passe rapidement la parole à Alain Rousset qui attend son tour.
J'ai juste le temps de décrisper un peu mon poignet que le Président commence (son micro fonctionne parfaitement, en fait on lui a changé, ça sera plus simple pour la prise de note ;-) )
Le Président fait le bilan des grands projets de la région, la LGV, l'A65, la formation professionnelle pointue qui devrai prendre son essor, la journée portes ouvertes, et divers autres dossiers en cours, il félicite ses équipes pour le nombre de dossiers (600) qu'elles créent et gèrent, et que tout cela confondu à permis à la collectivité de "gagner en puissance et en crédibilité".
Un peu plus tard le côté président de l'association des régions de France resurgit ainsi que son cheval de bataille, la réforme des collectivité territoriale, puisqu'il précise que "Nous sommes et nous devons demeurer une collectivité de vision capable de produire de l'idée, de produire du politique et non pas du clientélisme" non je n'ai pas eu de léger sourire qui a flotté sur mon visage.
Il y a une petite baisse d'énergie dans le discours qui soudain repart avec des intonations de tribun de compétition comme il sait si bien les prendre lorsqu'il veut emporter les foules avec lui, après une phrase d'introduction où il parle de la fierté que l'on doit ressentir d'avoir bien travaillé on a eu droit à cette belle envolée :
"On a coutume, c'est vrai, de dénigrer et critiquer le service publique, on a coutume, souvent, pour des raisons parfois politiques, d'autres plus basses, de dénigrer et quand on peut pas dénigrer le service on en dénigre ses membres, parce qu'il boite, parce que son mari est ouvrier, parce qu'il ne parle pas bien le français, ou qu'elle ne parle pas bien le français, parce que des bruits de poubelle circulent dans toute collectivité. Et en plus il y a la lâcheté parce qu'il y a la protection irrémédiable de la fonction publique. Il faut de temps en temps être fiers d'être insultés, mais il faut être forts, il faut savoir que ce n'est pas simplement l'aspect électoral des choses qui compte c'est aussi la confiance, la confiance de nos interlocuteurs, le fait de pouvoir se regarder dans la glace, il y a des choses difficiles et tout le monde n'est pas parfait que ce soit les élus ou que ce soit les fonctionnaires, mais en même temps une collectivité comme son nom l'indique n'a de sens que si elle est forte collectivement..." il aurai pu continuer un peu apparemment mais un malaise parmi les spectateurs a ménagé une pause.
J'ai l'impression qu'il parle à mots couverts de choses dont j'ai déjà entendu parler, bon à part le boiteux, mais peut être y a-t-il un erreur de frappe sur le terme "qui boit" ou emporté par son élan a-t-il mal prononcé... Quand à la protection irrémédiable, elle ne l'est pas tant que cela, il le sait bien, il a le pouvoir de la révocation non ? Enfin passons quand aux insultes faudra que l'on m'explique... La notion de personnage n'est toujours pas arrivée jusqu'à eux semble-t-il. Par contre l'action collective oui chapeau ils maîtrisent ;-)
Une fois le malaise de la spectatrice terminé le président est reparti sur un ton plus cordial, moins tribun, parlant cette fois ci des projets qui occuperont la région pour l'année à venir, des évolutions à venir dans les métiers de la fonction publique et pour finir il s'est félicité du travail déjà accompli par les équipes, de la fierté qu'elles peuvent en retirer, un lapsus, du à une faille spacio-temporelle, l'a interrompu dans son élan et il a conclu trés rapidement par une phrase qui me laisse plus que dubitative sur le sens à lui apporter "on n'a souvent pas l'occasion d'avoir autant de poids que le people et l'insulte et pour ça aussi je veux vous en remercier, très bonne année"
Donc on peut voir que certains n'ont toujours pas lu le livre, qu'ils n'ont pu s'empêcher de remettre quelques gouttes d'huile sur le feu, qu'a aucun moment un mea culpa ou un constat (ça serait déjà pas mal) quelconque concernant des situations limite n'a été fait, on continue sur la ligne du "c'est nous et nous sommes insultés et de toute façon elle est méchante, injuste" et on ajoute lâche pour faire bon poids... Tout va bien, au moins il y a de la constance...
Après ces prises de parole qui ont duré une demi heure environ il y avait un buffet, au cours duquel j'ai pu rencontrer Aurélie et constater que des élus et des agents de différents niveaux sont venus lui apporter leur soutient, j'ai croisé quelques regards désagréables mais aucune de ces personnes ne s'est approchée, espérons que cela continuera ou que tout au moins les réactions resteront mesurées.
Que ceux qui craignent qu'Aurélie bulle dans ses nouvelles fonctions se rassurent, elles font appel à pas mal de données qu'elle doit acquérir, elle n'a pas le temps de chômer à son grand plaisir, son chef direct est réellement compétent et à l'écoute et le travail avance bien entre eux.
Donc les conditions de reprise, bien que non idéales car on sent malgré tout une certaine animosité de la part d'une partie des agents, ne sont pas aussi catastrophiques qu'on aurai pu le craindre. Toutefois pour la tranquillité d'esprit de tous il serait sans doute préférable qu'à moyen terme elle puisse trouver un détachement ou un autre poste ailleurs, c'est d'ailleurs ce qui a motivé son retour au conseil régional d'Aquitaine, ne pas abandonner la fonction publique et la notion de service public en lesquelles elle croit encore et pouvoir faire des demandes de détachement puisque la fonction publique territoriale lui impose d'être en poste pour pouvoir bénéficier de cette mobilité.
Je sais qu'avec des "si" on mettrait Paris en bouteille, mais un détachement il y en avait un, s'ils n'avaient pas fait le nécessaire pour qu'il tombe à l'eau toutes ces tensions seraient apaisées depuis bien longtemps, Zoé n'aurai pas vendu 150 000 à 200 000 exemplaires de son livre, le Conseil régional d'Aquitaine ne serai pas célèbre jusqu'en Australie et il n'y aurai pas le risque qu'un film reprenne toute l'histoire... Bref chacun aurai poursuivi sa vie tranquillement...
Je conclurai par une petite citation de Sacha Guitry trouvée alors que je cherchais si c'était Bien Big Leon qui avait dit l'autre phrase... Je trouve que ça correspond bien :
"Mes ennemis me font beaucoup d'honneur : ils s'acharnent après moi comme si j'avais de l'avenir !" Sacha Guitry