Samedi 27 septembre 1997
Journée de repos, pas besoin de jongler avec les horaires ;)
Je me suis tellement détendu après l'annonce de la sortie de François dans 2 semaines que je fais une superbe grasse matinée. Ça fait du bien après toutes ces nuit écourtées et interrompues par l'inquiétude. Ensuite j'expédie les affaires courantes, genre remplissage de frigo, service minimum de ménage etc... passage chez le coiffeur et hop direction l'hôpital, fraiche pimpante et détendue.
à l'arrivée je trouve la mère et la grand-mère de François, une femme adorable la mamie, qui mène le monde à la baguette mais adore son petit-fils et est prête à tout lui passer ;)
Elles sont dans le hall fumeur de l'hôpital et la mamie est en train de sermonner sa fille, je file à l'anglaise après les salutations d'usage...
J'apprends de la bouche de François que sa mère a fait un scandale auprès du docteur parce que François pouvait profiter de la compagnie de son compagnon. Le docteur l'a recadrée, mais ensuite elle a continué avec les infirmières... Une vraie harpie, alors que tout le service est adorable tant avec les malades qu'avec les visiteurs... La grand mère est donc en train de rappeler à sa fille les règles de vie en société ;)
Je trouve François un peu fatigué, il a dû trop vouloir en faire depuis qu'il est en service" normal ", mais il est assez gai quoique contrarié par le comportement maternel... Ça fait bientôt 34 ans qu'il la connait mais il ne s'y habitue pas ;)
Son compagnon profite de ma présence pour aller prendre l'air, il n'aime pas laisser François seul lorsque sa mère est dans les parages...
On en profite pour parler "sérieusement".
Il se sent mal d'avoir contaminé son compagnon et sans doute d'autres mecs, certes sans le savoir, juste parce qu'il ne se sentait pas capable de supporter la vérité, alors que là ben il est bien obligé de le faire et en plus il doit supporter cette culpabilité latente... J'essaie de le réconforter du mieux que je peux, mais c'est pas facile car, pour ma part, je suis en colère qu'il ait toujours refusé de se faire dépister et, ça je le pensais déjà mais il vient de me le confirmer, qu'il n'ai pas systématiquement utilisé de capotes.
Il sait pertinemment ce que je pense, on en avait déjà discuté à de nombreuses reprises avant qu'il ne soit malade, notamment lors de la longue agonie de "Blanche" un ami parti trop tôt, avant l'arrivée des tri thérapies...
Ma colère est autant dirigée contre lui que contre moi qui n'ai pas réussi à le convaincre, bien qu'avant l'arrivée des tri thérapies je pouvais comprendre plus facilement, pourquoi vouloir savoir qu'on est condamné à très brève échéance...
A cela se greffait la peur de sa propre mort, dans quelles conditions, Blanche avait beaucoup souffert et si les rares amis qui l'entouraient n'avaient pas agit cela aurait été encore plus sordide. S'il devait mourir je devrais faire en sorte que certaines choses soient respectées, en cas d'inconscience ou d'agonie prolongée j'avais les consignes aussi. J'avais beau lui dire que ça ne serait pas nécessaire puisqu'il réagissait bien au traitement et bientôt il serait dehors il ne voulait en démordre. J'ai donc promis, sincèrement.
Son compagnon est revenu, nous avons poursuivi un peu une discussion légère puis je suis rentrée chez moi. Je me sentais mal, il semblait tellement persuadé que je devrais bientôt faire ce que nous venions de décider...
Une soirée avec de vieux copains était prévue, je m'y suis rendue après une bonne douche, suis rentrée tard, me suis endormie comme une souche et j'ai fait toute une série de cauchemars tous plus affreux les uns que les autres...