Ménage de printemps oblige, mon époux et moi même avons décidé d’aérer notre chambre.
Depuis quelques années que nous l’avons elle n’avait pas encore été ventilée.
Nous l’avons donc soigneusement emballée et chargée tout entière dans le coffre de la voiture.
Peux-t-on loger une chambre qui fait 9 par 12 dans un coffre de Punto ? La réponse est incontestablement oui.
Certes nous avons du ruser et la replier au maximum, mais nous y sommes arrivés.
(Pour la salle de bain nous sommes plus réservés…)
Arrivés sur place, une friche industrielle et zone de travaux désertée en ce week-end pascal, nous espérions avoir la paix pour profiter pleinement de cette mise à l’air.

Oui c’est cela notre chambre, une chambre technique qu’ils appellent ça ou chambre photographique. C’est une monorail.
D’un peu plus près ça donne un truc comme ça :

Alors on regarde d’abord dans le viseur, un peu plus grand que celui d’un réflex ou même que l’écran des numériques utilisés à bout de bras

Mais si on s’approche un peu trop avec la lumière ambiante on ne voit rien, on peut même réaliser de jolis autoportraits comme celui ci

Alors pour cadrer et faire la mise au point le photographe utilise des astuces :
1) il se cache sous un voile noir (ici une veste a fait office) pour voir sans perturbation lumineuse l’image se former sur le dépoli de visée ou viseur… Ça a un petit côté rétro charmant comme tout non ?

2) Pour faire une mise au point précise on peut utiliser… une loupe

Et voilà ce qu’on peut voir sous ce voile

Ok c’est tête en bas et inversé droite/gauche, c’est normal, je n’avais pas bu lors de la prise de vue, le centre n’est plus lumineux que sur la photo que j’ai prise, en réalité tout a la même intensité lumineuse…
Une fois ces réglages effectués on peut alors prendre le plan film, le négatif… Dimensions de la chose : 9 cm par 12 cm

et le mettre en place.

Maintenant on déclenche, pas la peine de rester derrière puisque le plan film bouche la vue, de plus le déclencheur est sur l’objectif.

Ensuite, nous nous sommes dirigés vers un autre bâtiment et avons recommencé les diverses opérations, non sans attirer des curieux cette fois ci…
Un monsieur âgé qui avait été cueillir ses pissenlits est resté un long moment près de nous à observer, poser des questions…

Puis sont arrivés les « incontournables » agents de sécurité qui nous annoncé, grands princes, que normalement nous devrions déguerpir si nous n’avons pas d’autorisation pour photographier mais, que comme nous sommes là « pour le plaisir » ils nous laissaient faire si nous n’en avons pas pour trop longtemps (sont au fond à droite)

et enfin la présence d’une chambre au milieu de leur « terrain de jeux » ne pouvait laisser indifférents les gamins du quartier, qui finalement, sont venus voir de plus près ce qu’était ce truc, poser plein de questions et s’étonner qu’on fasse des photos avec un tel engin pour finir par se faire tirer le portrait.

Maintenant il ne reste plus qu’à développer les négatifs pour vérifier qu’il n’y a pas eu de fuite de lumière lors de la mise des plan-films dans les châssis, que depuis qu’ils attendent ils n’ont pas perdu de leur qualité, que l’objectif de la chambre est encore en bon état, que… bref tout ce qui permet de valider un test…
Par contre ce genre d’appareil n’est pas tout à fait adapté à la photo sportive, 20 minutes entre la sortie des premiers éléments du coffre et le déclenchement de la première photo, mais c’est un sport de par le poids que ça pèse, quand il faut se le trimballer sur plusieurs centaines de mètre, on comprend mieux qu’Ansel Adams (en) ait choisi de s’accompagner d’un mule qui pouvait passer partout.