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Telecom

Ce matin en jetant un œil aux actus sur Google je suis tombée sur un article qui m’a fait avoir une pensée pour mes anciens collègues.

En effet lorsque vous prenez l’autoroute ce que vous voyez c’est les gens dans la cabine de péage, quand il y en a, qui se font engueuler si  y a des bouchons, un accident, des travaux etc…  alors que les pauvres n’y sont pour rien, mais ça c’est autre chose. Vous voyez aussi parfois la personne dans son fourgon jaune ou orange avec des gyrophares qui semble se balader sur l’autoroute… Mais il n’y a pas qu’eux… Il y a toute une équipe derrière qui est là pour assurer les meilleures conditions de circulation possible et votre sécurité ainsi que des services administratifs mais ça vous vous en doutez ;-)

Le plus grand nombre de ces petites mains, et les plus important pour votre sécurité ce sont les ouvriers autoroutiers, des gars, ou quelques rares filles, qui sont là pour poser les protections, balisages, les cônes oranges, des travaux, et assurer la sécurité de toutes les interventions qui se déroulent sur le tracé. Ce sont eux aussi qui ramassent les cochonneries jetées par les fenêtres des voitures, qui taillent les haies et bordures paysagées du réseau, qui rebouchent les trous en attendant une intervention plus complète sur la chaussée et surtout qui viennent protéger et prêter main forte lors d’un accident ou incident. Ils prennent beaucoup de risques car ils sont sur la chaussée, certes en tenue visible de loin, mais à proximité de voitures qui roulent vite, très vite, et ça de jour comme de nuit. Les médias se sont fait l’écho de quelques disparition tragiques de ces ouvriers et même s’ils s’en défendent ils y pensent tous quand ils vont sur une intervention surtout si c’est de nuit et encore plus par conditions météo difficiles (pluie, neige, verglas, et surtout le brouillard). L’espérance de vie moyenne d’un piéton sur une autoroute est de 20 mn.

Cas ouvriers sont répartis en 2 groupes, l’un qui bosse en journée avec des astreintes tournantes, qui assure les travaux planifiés et l’autre qui travaille en 3X8, ce sont les patrouilleurs.
Ils tournent en continu sur le tracé pour veiller en permanence à votre sécurité et alerter au plus vite. Comment ? En ramassant les débris de bande de roulement de camion qui ont un pneu qui a éclaté par exemple (la traversée des voies avec un objet lourd ça devrait être inscrit au JO), en signalant tout événement et incident grâce à ses gyrophares qui devraient vous faire ralentir, en raccompagnant vers la sortie les cyclistes et piétons égarés sur l’autoroute (riez pas y’en a plein pour peu qu’on soit en zone péri-urbaine).

Un autre aspect de leur job est l’alerte du PC de sécurité de tout événement perturbateur, aussi insignifiant soit-il. Ainsi il est possible de leur envoyer et de coordonner les appuis nécessaires Police, Dépanneurs, Pompiers…
Pour coordonner tout cela il y a donc le PC sécurité où se trouve 24h/24 7j/7 une personne, là-bas appelé le Telecom, qui réceptionne les appels téléphoniques au standard, les appels radio de ses collègues, les appels des bornes d’arrêt d’urgence, fait le nécessaire pour répondre aux demandes et note l’intégralité des appels concernant le tracé sur une main courante qui peut être utilisée en cas d’action en justice.

Pour les appels d’usagers la difficulté réside surtout dans la précision de la localisation, si l’appel vient d’une borne elles sont localisées mais par téléphone portable c’est assez surprenant de voir à quel point les gens ne savent pas où ils sont ;-D
Et je ne parle pas des voyageurs étrangers, nous sommes quelques-uns à nous souvenir de russes, chinois, saoudiens…  sensés parler anglais et que nous avons été incapables de comprendre, le patrouilleur a été d’une grande aide, en arrivant sur place les gestes et schéma aident ;-)
Les précisions sont nécessaires pour envoyer l’aide adaptée au bon endroit.
Toutes ces informations sont entrées au fil de l’eau sur une main courante informatisée (MCI) qui reliée au réseau régional et national de la compagnie d’autoroute permet de déclencher des panneaux d’affichages, ainsi que des messages radio pour les plus gros événements.

En même temps il faut veiller à avertir le patrouilleur, les ouvriers d’astreinte, les cadres d’astreinte, la police, les dépanneurs, bref tous les intervenants dans les secours en fonction du niveau de l’intervention et de leur proximité géographique de l’incident. Le temps est compté pour éviter un sur-accident, surtout en période de vacances et gros départs.

La 1er personne physiquement arrivée sur place confirme et précise la situation par radio et annonce ses actions et besoins en assistance. Tout est retranscrit sur la MCI et on avertit les nouveaux intervenants nécessaires.

Aussi la nuit dernière mes anciens collègues ont dû vivre une nuit comme on les déteste, ça commence calmement puis arrive LE message, accident à tel PK (point kilométrique) sens nord Sud avec un PL (poids lourd).

L’accident de camion on n’aime pas, ce n’est pas toujours les plus violents mais quasi toujours les plus gênants pour la circulation …

Quand arrive le message que le PL et un autre véhicule léger sont impliqués ça se gâte…
J’imagine sans problème la montée d’adrénaline des collègue qui se rendent sur place puis le ton qu’on prend pour annoncer la position exacte, le nombre de véhicules impliqués, et le nombre de personnes concernées, puis ensuite l’état de santé des personnes…

Le patrouilleur ou l’ouvrier sur place a à faire face aux blessures, à la mort des usagers, rassurer les blessés en attendant les secours, et surtout protéger les lieux….

Tout le monde doit faire très vite pour éviter absolument le sur- accident qui viendrait aggraver la situation, pour éviter que les blessés ne souffrent trop, pour ne pas bloquer la circulation trop longtemps (oui c’est aussi un des objectifs).

Pendant que les gars sont sur le terrain et nous envoient par radio les éléments, au PC les actions sont presque des réflexes, les alertes des autres intervenants sont des automatismes.

Le ton de la voix du collègue sur place nous renseigne vite sur l’état réel de la situation, les infos communiqués par radio sont volontairement neutres et succinctes, à force de travailler ensemble on sent, les décès sont bien souvent annoncés par portable et non par radio pour éviter les « charognards » à l’affut sur leur radio amateur.

Même au cours de grosses interventions comme celle qu’ils ont eu cette nuit, pour celui qui est au PC il y a des périodes de calme, où on reprend toutes ses notes papier et MCI pour vérification et rectification et inscription de détails, le PC régional en profite parfois pour demander des détails et au milieu de tout cela notre cerveau traite les informations informelles reçues et commence un autre stress.
Selon l’endroit où est situé l’accident il y a la criante plus criante pour ses collègues, lorsqu’il y a des blessés et morts il est difficile de s’empêcher de cogiter à la vanité des choses, la bêtise, la malchance etc…
Les journalistes qui appellent le standard sont renvoyés vers les forces de l’ordre ou le cadre d’astreinte, les usagers bloqués dans le bouchon passent leurs nerfs au téléphone, et une fois la famille d’une des victimes de l’accident a appelé parce qu’elle avait entendu à la radio qu’il y avait eu un problème sur le tronçon et s’inquiétait de savoir si son frère était dedans, dieu merci il avait annoncé l’immatriculation du véhicule dès le début, j’ai ainsi, lâchement je le reconnais, transmis son appel au cadre qui a dû lui dire que le corps était en chemin vers le funérarium le plus proche…

Une fois l’accident traité, la circulation revenue à la normale, les équipes repassent au bureau pour remplir les documents administratifs et un premier débriefe. Si eux sont sur le terrain nous au bureau on ne voit rien mais on est au courant de tout et l’imagination est parfois aussi difficile à vivre que la réalité, surtout lorsque le collègue, dur à cuire, qui a plus de 10 ans d’ancienneté, toujours bref, précis et rapide avait cette fois ci  des tremblements dans la voix et s’était parfois un peu embrouillé pendant que son collègue, tout aussi expérimenté avait complétement oublié le français pour ne communiquer qu’en gabaïe, le patois local, on se dit qu’il doit y avoir un gros soucis et on imagine le pire… On a hélas confirmation plus tard… les victimes étaient des enfants non attachés, éjection du véhicule, parents sains et saufs qui deviennent fous….

Je ne sais si ce travail m’a incité à conduire différemment mais une chose est certaine il m’a appris à gérer les gros coups de stress, à réagir vite et bien, et pour la suite à relativiser lorsqu’on me dit qu’un truc est primordial, ultra important, urgent etc… Il n’y a pas de vie humaine en jeu ? Alors je ferai aussi vite que possible mais pas plus…

Pour vous je n’aurais que peu de conseils à vous donner, juste du bon sens…

Si sur votre trajet vous traversez une zone de travaux ralentissez et ne serez pas trop les bordures, y a des ouvriers derrières les cônes et une erreur de trajectoire de votre part peut leur être fatale,

Si vous êtes en panne ou victime d’un accident essayez de mettre votre voiture sur la bande d’arrêt d’urgence et sortez de votre voiture, ainsi que vos enfants (on ne rit pas on en a vu qui avaient laissé les gosses dedans pour pas qu’ils courent partout) et vous vous installez derrière les glissières de sécurité ou sur le bas-côté si c’est une zone sans glissières, même s’il pleut, neige ou vente, qq gouttes de pluie, un rhume ne vous tueront pas, une voiture ou un camion qui vous accroche si,

Dans la voiture TOUT LE MONDE s’attache et on laisse les animaux, même très bien éduqués, dans leur boite de transport ou derrière un filet ou une grille,

Si vous devez contacter les services de sécurité privilégiez la borne d’arrêt d’urgence, il y en a une tous les 2 kilomètres, qui vous localisera facilement et permettra une intervention plus rapide des secours, si vraiment vous voulez appeler par téléphone essayez de repérer une borne kilométrique (petite plaque sur les glissières ou parfois grosse inscription sur le sol de la BAU) et surtout ne vous trompez pas sur votre sens de circulation, le stress est traitre,

Lorsque vous quittez une aire de repos vérifiez bien que tous les occupants de la voiture sont dedans, on récupère chaque année un enfant, une grand-mère, une épouse oubliée car par assez rapide pour faire pipi ;-)

Et n’oubliez pas de faire des pauses, je sais, je sais, mais sans rire le nombre de cartons augmente sérieusement la nuit et aux heures de sieste ou de digestion car la somnolence arrive sans prévenir, et à 130 la plus petite déviation prend vite une allure de catastrophe.

Et puis de temps en temps pensez à ces gens qui prennent des risques pour que vous n’en rencontriez pas et que vous arriviez en bon état à destination.
 

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